1880 :  Guilt Train  (2001 – Southern Records
http://southern-records.de/en/CDs/CD-1880-Guilt-Train.html
1880 : Ride (2002 – Southern Records

http://southern-records.de/en/CDs/1880/CD-1880-Ride.html



Ce groupe originaire du a sorti son premier album, « Guilt train », en 2001 mais on ne peut pas vraiment le qualifier de disque de rock sudiste. Bien sûr, quelques réminiscences sudistes pointent de temps à autre le bout de leur nez mais l’essentiel des influences émane du heavy rock et du hard (« I Just Wanna Make Love To You », « Off », « She Wore Black »). Quelques intonations country ainsi qu’une guitare slide parsèment le début de « Ball And Chain » juste avant que la musique ne se corse. « Radio Rodeo » emprunte la voie du hard rock avec des solos tout aussi « hardos » tout comme « Guilt Train » (une sorte de hard speedé) et « Wicked Ways » (du hard sudiste rapide). Après, ça s’améliore nettement avec un retour aux sources musicales (après tout, ce groupe vient du Tennessee). « Surrender » est sans doute le titre le plus sudiste dans l’esprit avec des grattes à la tierce et une ambiance new country. Le rock sur-vitaminé « Frieght Train » envoie de bons solos bien rock tandis que le heavy rock « Double Shot » fait taper du pied. Et puis, la surprise vient d’un coup avec la reprise de « I Got A Line On You » de Randy California (que Blackfoot avait d’ailleurs enregistrée sur l’album « Strikes »). Cette version accélérée et pleine d’originalité décoiffe à mort. En écoutant cette galette, on sent bien que « 1880 » tentait à l’époque de fédérer un maximum d’auditeurs en s’orientant vers une musique plus lourde (peut-être un peu trop). Des années plus tard, d’autres groupes (comme Hogjaw à ses débuts) s’engouffreront dans cette voie. Un an plus tard, soit en 2002, les mecs de 1880 remettent le couvert avec « Ride » en reprenant la même recette hard/heavy rock sur quelques morceaux (« Don’t Dial The Devil », « Ride »). Mais ils ont aussi gagné en maturité et osent enfin s’aventurer sur le difficile chemin du rock sudiste, leur niveau musical le leur permettant largement (surtout les guitaristes). Et d’un coup, ça devient plus sérieux. « Gold », un titre d’inspiration hard sudiste, séduit avec son final de guitares en triolets à la tierce sur une montée d’accords bien trouvée. On est charmé par « Mercy », une belle ballade aussi musclée que mélodique, et on s’éclate sur « The Jailbait Bop » (un rockabilly/rock'n’roll hyper speedé avec une véritable démonstration des deux gratteux). « Cowboy » ne laisse pas indifférent avec son alternance entre ballade country et heavy rock tandis que le feeling anime « Ain’t No Sunshine », un slow bluesy qui se durcit sur la fin. Enfin, la reprise sur un rythme très rapide de « One Way Out » (de l’Allman Brothers Band) comble l’auditeur avec ses guitares inspirées et son break basse-batterie du plus bel effet. En conclusion, les paléontologues du rock sudiste se rabattront sur le deuxième album de 1880, bien supérieur au premier. Et s’ils décident de collectionner les deux, ils pourront toujours mettre les meilleurs titres bout à bout. Tiens, c’est ce que ce groupe aurait dû faire ; ça aurait donné un disque costaud. Mais cela leur aurait-il ouvert les portes du succès pour autant ?

Olivier Aubry